Que doit-on faire au service d’urgences en cas de morsure par un chien suspect de rage ?

11 July 2023 -

La rage est une zoonose virale aiguë qui se transmet par morsures ou griffures, mais généralement par la salive. Lorsque les premiers symptômes apparaissent, la maladie est mortelle pour les humains et les animaux.

Actuellement, l’Espagne est confrontée à un risque accru d’épidémie de rage en raison du faible taux de vaccination des chiens. Les Communautés Autonomes décident de la stratégie vaccinale des chiens, des chats et des furets. La vaccination de ces animaux est obligatoire sur l’ensemble du territoire national, sauf en Galice, au Pays basque et en Catalogne. Dans le cas des Asturies, la vaccination n’est obligatoire que pour les chiens potentiellement dangereux.

Dans cet article, nous présentons le cas d’une fillette de cinq ans présentée au service d’urgences pour une morsure de chien survenue trois semaines auparavant à Cochabamba (Bolivie). L’animal est mort et un diagnostic de suspicion de rage a été posé. La fillette avait un calendrier de vaccination infantile à jour et était également vaccinée contre l’hépatite A et la fièvre jaune. Une prophylaxie antirabique n’avait pas été envisagée avant le voyage.

Les caractéristiques épidémiologiques de l’accident ont été évaluées et un examen physique a été effectué, en tenant compte de la description de l’animal (un chien domestique vivant dans un milieu peu hygiénique et sans historique de vaccination), du lieu où s’est produit l’accident (à la campagne), du type de morsure (sur le côté gauche, superficielle et avec peu de saignement) et des mesures prises suit à l’incident (nettoyage avec de l’eau, de la boue et des feuilles).

L’examen général de la fillette ne révélait pas d’anomalie (elle était asymptomatique). Sur le côté gauche, deux lésions hyperchromiques, fermées et non infectées étaient présentes. Il n’y avait pas de douleur à la palpation ni de limitation à la mobilisation de la zone affectée.
Le type d’accident et l’examen physique indiquaient un faible risque de transmission de la rage mais le risque de contagion n’a pas pu être exclu. Par ailleurs, par l’intermédiaire de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il a été confirmé que la rage est une maladie endémique en Bolivie, et plus précisément dans la région de Cochabamba.

Compte tenu de ces éléments, le cas a été considéré comme présentant un risque élevé d’infection et le protocole de prophylaxie post-exposition a été initié. De l’immunoglobuline humaine (20 UI/kg) a été administrée, la moitié de la dose autour de la lésion et l’autre moitié dans le deltoïde gauche. La première dose du vaccin a également été administrée dans le deltoïde droit (contralatéral). La fillette a été autorisée à terminer le schéma de vaccination constitué de 5 doses dans le service de soins primaires.

Bien qu’il s’agisse d’un cas exporté de rage, il est très important de sensibiliser la population à la prévention de cette maladie. Pour prévenir et contrôler cette zoonose, il est essentiel d’encourager la possession responsable de chiens, y compris la vaccination contre la rage. La prévention des morsures et le suivi des victimes de morsures ainsi que le lavage des plaies et les injections post-exposition sont aussi des éléments majeurs dans le contrôle de cette zoonose mortelle.

 

Fernández Prada; M. et al (2013) ¿Qué hacer en urgencias ante una mordedura canina con sospecha de rabia? A propósito de un caso. Lugar: Unidad de Gestión Clínica Medicina Preventiva, Vigilancia y Promoción de la Salud, Hospital Universitario San Cecilio, Granada, España. DOI:10.1016/j.anpedi.2013.08.002